Les inquiétudes d’une maman

Audrey Hepburn disait: “Le plus difficile dans la maternité, c’est cette inquiétude intérieure que l’on ne peut pas montrer”.

La justesse de cette phrase résonne en moi sans pour autant me raisonner. Etre inquiète et ne pas pouvoir le montrer c’est quand même très compliqué, mais pour son enfant c’est une nécessité.

Ca commence avant même que l’enfant ne naisse, au moment du test de grossesse on espère que tout va bien. Que l’on est bien enceinte et que l’on ne va pas faire de fausse couche. Un oeuf clair? Un embryon viable? Ce sont les premières interrogations que l’on peut avoir et que j’ai eu.

Ensuite viennent les premières échographies et la tant attendue échographie morphologique. On attend de savoir que tout les organes sont bien présents, à leur place et que les mesures sont bonnes. La fameuse clarté nucale est observée. La taille des artères placentaires sont aussi au coeur de l’attention de l’échographe. On veut que ce petit être ne manque de rien, qu’il puisse se développer correctement.

On fait attention à ce qu’on mange. A tout ce qu’on mange et que l’on boit d’ailleurs. Moins de caféine, plus d’oléagineux et beaucoup plus de produits frais de saison et bios. Et on nettoie tout ça avec excès bien sûr pour éviter la toxoplasmose! Et on stresse à chaque prise de sang en espérant qu’on ne l’a pas contractée. On arrête de consommer tous les aliments qui pourraient entraîner une listériose.

On veut que ce petit être précieux se développe dans les meilleurs conditions.

On se met à la sophrologie, au yoga, aux marches rapides et on délaisse les sports à haute intensité.

Et surtout on s’éloigne le plus possible du stress. Le mal du XIXème siècle. Mais c’est pas évident avec tout ce qu’on voit à la télé, qu’on lit sur les réseaux sociaux et la situation économique actuelle.

Enfin je ne parle pas de la situation géopolitique mondiale, la peur face au lendemain, les menaces terroristes, les déséquilibrés qu’on peut croiser n’importe où et à cause de qui la vie peut basculer en un instant.

On vit dans un univers où il est compliqué de vivre paisiblement comme si de rien n’était. Mais le temps de la grossesse on essaie de se couper de ça au maximum. Encore une fois on ne veut pas perturber ce petit être, on veut le protéger au maximum.

Puis la grossesse suit son cours, et le moment de la naissance approche.

On espère une naissance naturelle pour que le tout petit bébé ait une flore intestinale pourvue de bactéries propres aux bébés nés par voie basse. Oui on a tout lu à ce sujet et on espère qu’il en bénéficiera pour avoir une meilleure capacité à lutter contre les bactéries indésirables par la suite.

On redoute des complications: et s’ils ne se retourne pas? Et si son petit coeur est en souffrance face à cet effort qui n’est finalement pas l’ultime effort mais le premier de sa vie? Et si son cordon s’enroule autour de son cou?

Et finalement rien ne se passe comme prévu. Je rassure les futures mamans, ma fille a eu le cordon doublement enroulé autour du cou et allait très bien à la naissance, les gestes des sages femmes sont souvent rapides et précis, elles ont l’habitude de tout ça.

Quand cet enfant naît il est au coeur de toute notre attention, de façon presque animale on le sent, on le scrute. On a peur qu’il arrive quelque chose, d’un point de vue physique tout d’abord à ce petit être.

D’ailleurs on nous propose d’effectuer le test de Guthrie, ce dépistage qui permet de déceler 5 maladies graves. Les résultats ne sont donnés au bout de 2 semaines qu’en cas de réponse positive à l’une d’elles alors on prie pour ne pas recevoir de courrier après le retour à la maison.

Les premières frayeurs d’une mère d’un nouveau-né c’est sa santé. « Va t-il bien? Respire t-il normalement la nuit? D’ailleurs tiens je ne l’ai pas entendu pleurer pendant plusieurs heures de suite pendant la nuit respire t-il encore? »

Oui, j’ai posé la main sur le ventre de mon bébé plus d’une fois, j’ai vérifié qu’il n’y avait rien autour de son visage qui serait tombé de je ne sais où et qui pourrait de je ne sais quelle manière l’étouffer pendant son sommeil.

Oui j’ai redouté toutes les maladies infantiles graves ou non. On googlise, on stresse, on dort moins on stresse plus. Mais on affiche un sourire de façade face au bébé que l’on ausculte comme un médecin que l’on n’est pas histoire de ne pas l’inquiéter. Sa fièvre ne baisse pas, parfois il peut faire des convulsions. C’est impressionnant et effrayant pour une jeune maman mais c’est courant chez les tous petits.

Au départ une mère s’inquiète de la santé de son enfant.

Puis on scrute tous ses faits et gestes pour vérifier si son développement moteur soit bon.

On espère qu’il n’a pas de retard. On compare, on regarde autour de nous. “Et le tien il s’est retourné quand? Il fait du quatre pattes? Il a marché à combien de mois?”. Autant de questions que l’on comprend par la suite qu’elles sont inutiles lorsque tout va bien et que l’on n’a pas de raison de s’interroger à ce sujet.

Et même si tout le monde vous dit de ne pas comparer vous le faites. Au moins un peu.

Ensuite vient la parole. “Et combien de mots est-il censé à associer à son âge? C’est normal qu’il ne dise pas “je”? Mais qu’est-ce que je dois faire pour l’aider à parler mieux, je ne comprends pas je lui parle pourtant tout le temps!”. Encore une fois la pression extérieure fait que l’on s’interroge sur absolument tout.

C’est à ce moment que l’enfant est indépendant, mobile et se met en danger. Je devrais même dire qu’il est toujours en train de se mettre dans une position périlleuse puisqu’il n’est pas capable d’imaginer le danger et les conséquences. En revanche une mère, ça le sait. Ca le pressent. Plus encore on est capable d’imaginer une chaîne de conséquences toutes aussi catastrophiques qu’improbables: un bout de  bois suspendu dans un arbre se transforme en épée de Damocles capable de tomber sur un objet qui par un effet de levier pourrait soulever un autre objet dangereux qui tomberait, lui, sur la tête de votre précieux petit être. Oui être mère c’est aussi être capable d’envisager une multitude de scenarios dans un temps record et avec une imagination à en faire pâlir d’envie Lewis Caroll.

Enfin d’autres peurs s’ajoutent. “Et s’il s’échappait à ma vigilance et que je le perdais dans le magasin, et qu’un détraqué l’enlevait?”. Ce sont des peurs extrêmes mais hélas probables. Tout comme on a peur des adultes malveillants et déviants dont les enfants sont soumis à autorité dans les structures scolaires ou extra scolaires.

Puis viennent les premières crises. On est en plein dedans mais ça je vous en reparlerai.

“Mais il n’écoute rien celui-là! Et celui de Tartenpion ne dit jamais rien et obéit toujours qu’est ce que j’ai bien pu faire pour qu’il soit ingérable!”.

On espère que tout va bien dans son développement psychologique. Les questions sur la santé englobent finalement tout un tas d’aspect.

“Et ses rapports aux autres sont-ils normaux? Va t-il se faire des amis?”.

Au délà de toutes ces considérations on s’interroge sur sa vie sociale, son comportement en société.

Puis il y a une autre chose aussi importante que son rapport avec les autres: son rapport avec lui-même. S’aime t-il? Est-il capable d’être heureux?

Etre mère c’est ne plus pouvoir dormir sur ses deux oreilles. C’est perdre une part d’insouciance que l’on ne retrouvera jamais.

Ces inquiétudes que l’on a, on les a. Même si l’on s’efforce de donner à notre enfant un sourire bienveillant en priant de tout son être que tout ira bien, elles seront remplacées par d’autres quel que soit l’âge de notre enfant qui sera toujours à nos yeux notre bébé.

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3 Commentaires

  1. NissnisSab
    02/10/2017 / 12:46

    Très bien écrit

    • Honey
      Auteur
      03/10/2017 / 4:03

      mille mercis

  2. Rizlaine
    03/10/2017 / 8:55

    Tellement vrai tout ça … nous sommes souvent seules face à ces incertitudes mais toutes liées par ce sentiment, c’est réconfortant, merci !

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